Les « cryptos » en vogue au Moyen-Orient

Un cadre réglementaire pour attirer le business de demain

Afin de poursuivre le développement et l’attractivité du territoire, la plupart des pays de la zone ont légiféré en adoptant un cadre réglementaire attractif. Par exemple :

• dès 2019, c’est le Bahreïn qui a mis en place une règlementation dans le secteur des crypto-monnaies en octroyant des licences à travers la Banque Centrale du Royaume de Bahreïn. Une licence à Bahreïn peut aussi ouvrir les portes aux autres pays membres du Conseil de Coopération du Golfe, à savoir l’Arabie Saoudite, Oman, le Koweït et le Qatar ;

• en mars 2022, Dubaï a approuvé la loi sur la réglementation des actifs virtuels et établit le VARA (Virtual Assets Regulatory Authority). C’est une entité indépendante en charge de délivrer les licences.

Ces cadres ont eu pour conséquence directe d’attirer les grands acteurs de l’écosystème. Les bourses d’échange ont rapidement franchi le pas et 2022 confirme cette accélération, notamment avec l’arrivée sur le territoire de leaders comme FTX ou Binance, en plus d’une très forte présence du pionnier local BitOasis.

Ce pouvoir d’attraction se manifeste également dans la recherche permanente de talents. Le développement ne peut se faire sans cette main d’œuvre qualifiée et indispensable. Des écoles comme la Citizens School à Dubaï acceptent par exemple le paiement des frais de scolarité en Ether ou en Bitcoin dès la rentrée de septembre 2022.

Fort de ce constat, le Moyen-Orient a massivement investi dans l’événementiel afin d’attirer les personnes influentes dans cette sphère. Ainsi, plus de 100.000 personnes sont attendues pour la célèbre conférence « Future Blockchain Summit » qui se tiendra à Dubaï en octobre 2022. En outre, des écoles dédiées au monde des cryptos ont été ouvertes.

Le lancement de programmes d’incubation de start-ups, que ce soit en direct sur le territoire, ou via des collaborations avec de grands incubateurs européens et américains, en font une terre de l’innovation. La matière grise est le nouveau pétrole qui fera naître les licornes¹ de demain. C’est par exemple le pari qu’ont fait des Venture Capitalists en créant des programmes et incubateurs dédiés sur ces thèmes. Plus de 900 applications² ont été reçues cette année pour participer à ces programmes.

Des Security tokens au monde du Web3 et des metavers

Les initiatives liées à la tokenisation des actifs financiers se développent dans le monde entier avec un très fort potentiel. Société Générale, qui fait partie du Forbes Blockchain 50, a su démontrer son dynamisme sur le marché en réalisant de réelles transactions, avec des émissions au primaire (dont celle de la Banque Européenne d’Investissement) mais aussi le « listing » auprès de la Bourse du Luxembourg, et le marché secondaire auprès de clients institutionnels de renom.

Au-delà du retentissement médiatique, un certain nombre d’initiatives structurantes ont aussi vu le jour au Moyen-Orient. Commençons par citer la Banque Centrale de Bahreïn³ qui a développé début 2022 un pilote avec le digital token JPM Coin. Oman a également le projet de développer sa propre monnaie digitale. Dans le domaine des security tokens, que ce soit sur l’énergie renouvelable⁴ ou même sur les sukuk⁵, les pays du Moyen-Orient ont eux aussi pu démontrer leur intérêt d’avancer sur le sujet.

Très développé dans l’immobilier et dans le tourisme, le Moyen Orient a naturellement profité des innovations qu’apportaient les NFTs⁶ et les metavers. Tout d’abord dans l’immobilier, l’achat de biens immobiliers tokenisés est déjà devenu une réalité en transformant l’acquisition physique en acquisition digitale, pour en faire un produit d’investissement digital attractif. Il est également possible de faire l’acquisition d’un bien crypto.

Le Moyen-Orient souhaite aussi profiter des opportunités offertes par le Web3.

Des investissements colossaux ont ainsi pu être réalisés dans les metavers à travers une stratégie dédiée⁷ et en gardant en ligne de mire le chiffre mirobolant d’un potentiel de marché à 13 trilliards⁸ d’ici 2030.

Il y a fort à parier que l’attraction liée à la Coupe du Monde de Football qui aura lieu fin 2022 fera encore émerger de nouvelles innovations.

Le Moyen-Orient a su démontrer tout son intérêt sur les sujets liés à la Blockchain, aux cryptos et désormais au Web3. Les investissements et le pragmatisme des dirigeants viennent conforter le fait que la région est plus que jamais une zone attractive en termes de nouvelles opportunités de business. Le Moyen Orient a bien compris que la meilleure façon de prédire son avenir, c’est de le construire.

Publié dans Funds Global MENA en octobre 2022.

Article écrit par Alessandro Cavallari, Directeur des Ventes Internationales, Société Générale Securities Services et Laurent Marochini, Responsable de l’Innovation, Société Générale Securities Services Luxembourg.