La transformation du monde, une tendance favorable aux actifs réel sur le long terme

20/11/2019

Qu'est-ce que la vraie classe d'actifs englobe et pourquoi est-elle si populaire?

Actifs réels vs actifs « cotés » 

Comment peut-on expliquer l’intérêt croissant suscité par les actifs « réels », comme l’immobilier et les infrastructures, par rapport aux actifs cotés en bourse, comme les obligations et les actions ?

Cela est dû notamment au fait que ces actifs offrent aux investisseurs une « connexion » plus étroite avec leur capital, qui leur donne le sentiment d’intervenir concrètement dans le financement de l’économie et de la société tout entière. Autrement dit, ces actifs réels ont un côté « valorisant » pour les investisseurs.  Cela ne veut pas dire que les actifs cotés n’ont pas d’avantages : ils sont en effet plus liquides et les évolutions techniques facilitent l’accès au marché et renforcent la transparence. Dans le même temps, de nombreux investisseurs s’inquiètent assez légitimement de l’écart entre la valeur de marché d’une entreprise et sa valeur intrinsèque, comme c’est le cas avec les valeurs technologiques qui ont fortement progressé ces dernières années et dont les multiples de valorisation ne reflètent pas toujours la rentabilité. Sur les marchés obligataires, après dix ans de politique monétaire accommodante, plus d’un quart des émissions présentent des rendements négatifs, ce qui revient à dire que les investisseurs paient les entreprises et les États pour leur prêter de l’argent. Au-delà de leur attrait « émotionnel », l’intérêt des investisseurs pour les actifs réels est donc aussi financièrement rationnel. Concrètement, ces actifs présentent de belles opportunités aux investisseurs appréciant leurs caractéristiques.

Que recouvre cette classe d’actifs et pourquoi rencontre-t-elle un tel succès ?

Satisfaire les besoins des générations futures 

À l’horizon 2030, la population mondiale devrait atteindre 8 milliards d’habitants, dont 60 % de citadins. Pour répondre aux besoins de notre génération et à ceux de nos enfants, il faudra investir massivement dans de nouveaux bâtiments, les transports, les réseaux de données et l'approvisionnement en énergie pour accompagner la croissance des zones urbaines. A l’avenir, les logements à forte densité et l’économie des ressources vont devenir des impératifs. Et à force d’innovations, le périmètre des actifs réels évolue lui aussi : infrastructures 5G, centres de données et autres bornes de chargement des véhicules électriques constituent de nouvelles opportunités d'investissement. Les infrastructures de transport restent également un secteur propice, avec notamment le développement des véhicules électriques. Ce contexte économique a naturellement attiré de nombreux investisseurs et si les fonds souverains ont fait office de pionniers au début de la décennie, les investissements dans les actifs réels des fonds de pension et des compagnies d'assurance ont augmenté ces dernières années. Les particuliers s’intéressent également de plus en plus à cette classe d’actifs, même si la réglementation européenne complique leur accès au marché. Afin de protéger leur épargne, les autorités réglementaires accordent une attention toute particulière à la liquidité des fonds investissant dans des actifs réels, en particulier ceux offrant une liquidité quotidienne. Cela n’est pas sans poser de problèmes aux OPCVMou aux contrats d’assurance-vie en unités de compte, qui absorbent l’essentiel de l’épargne des particuliers en France. En même temps, les autorités ne veulent pas empêcher l’accès des particuliers aux actifs réels compte tenu de leur importance pour l’économie réelle et de leurs avantages pour les portefeuilles des investisseurs. En France, par exemple, on observe un puissant mouvement en vue de réconcilier l’épargne individuelle et l’économie réelle (initiative sur les fonds d’investissement à long terme [LTIF] et loi PACTE). Selon nous, ces tendances vont remettre sur le devant de la scène deux règles d’investissement fondamentales : penser long terme et accepter une moindre liquidité pour maximiser les performances. Ces évolutions sont favorables aux actifs réels mais certains défis sont à prendre en considération.

Les opportunités de diversification à évaluer avec soin

Les vertus de la diversification et l’alignement des flux de trésorerie avec les besoins des investisseurs apportés par les actifs réels sont bien connus. Les corrélations accrues entre les actifs traditionnels ont renforcé leur potentiel de diversification et ont incité les investisseurs à s’exposer aux actifs réels qui ont ainsi pris le relais des classes d’actifs traditionnelles (emprunts d'État, titres à haut rendement et dette émergente) comme source de diversification mais aussi de valeur ajoutée grâce à la stabilité de leurs valorisations et de leurs rendements. Les investisseurs se sont ensuite intéressés à l’immobilier et aux infrastructures, en actions et en dette, mais aussi à la dette privée corporate. La prime d’illiquidité constitue un autre argument convaincant pour les investisseurs, à la recherche de performances positives face à la faiblesse persistante des rendements obligataires. En effet, les titres non cotés offrent généralement une prime intéressante pour un risque quasiment équivalent : par exemple, on trouve désormais de la dette privée corporate ayant une notation implicite similaire à celles d’entreprises cotées, mais offrant un spread de crédit plus élevé et donc une source de rendement attractive. Nous pensons que les actifs réels connaîtront encore une très belle année en 2020 mais les investisseurs devront étudier de très près l’ensemble des opportunités et des risques lorsqu’ils élaboreront leur stratégie d’investissement. Avec l’arrivée de nouveaux acheteurs et le renforcement des allocations des investisseurs historiques, certains segments du marché risquent d’être trop recherchés, ce qui réduirait la valeur relative offerte par ces actifs.

ESG, une nécessité en cours d’intégration par les actifs réels 

L’une des tendances les plus marquées dans le domaine de l’investissement est l’influence croissante des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Il sera impossible d’atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies sans une remise à plat complète de notre manière d'investir. Ce qui aura naturellement un impact sur les actifs réels.

 

L’intégration des critères ESG dans des portefeuilles d’actifs liquides classiques n’est pas chose aisée, mais le processus pourrait être jugé encore plus complexe avec les actifs réels, nécessitant une approche différente de celle utilisée sur les marchés cotés où les informations sont plus facilement disponibles. Il existe toutefois un contre-argument selon lequel la prise en compte des critères ESG dans les portefeuilles est plus simple dans l’univers des actifs réels. En effet, en tant que détenteurs finaux de ces actifs, les investisseurs sont plus proches des autres parties prenantes et peuvent donc exercer une influence accrue sur les décisions. Quelle que soit leur opinion concernant l’influence des critères ESG sur les actifs réels, les investisseurs devront absolument en tenir compte mais en adoptant une approche au cas par cas.

Ce contexte économique a naturellement attiré un grand nombre d'investisseurs.

L’intérêt suscité par les actifs réels est indéniablement une tendance de fond qui, à mesure que le monde se transforme, va attirer de nouveaux types d’investisseurs et se diffuser dans de nouveaux secteurs. Nous devrions également assister à l’émergence progressive d’un marché secondaire plus actif, comme c’est le cas dans certains pays plus matures comme les États-Unis, qui renforcera la profondeur et la liquidité des actifs réels et les mènera petit à petit au statut de « classe d’actifs » à part entière.

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