Greenwashing : prenons les choses en main !

02/09/2022

L'écoblanchiment – ou greenwashing - peut être défini comme un comportement ou des activités qui laissent entendre aux gens qu'une entreprise en fait plus pour protéger l'environnement qu'elle ne le fait réellement*. Alexis Scheidecker, spécialiste des produits ESG** chez Société Générale Securities Services (SGSS), explique pourquoi le secteur de l'investissement doit s'attaquer de front au blanchiment écologique et offrir aux investisseurs des outils plus sophistiqués.

La sensibilisation croissante aux questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) a alimenté la popularité croissante des produits financiers connexes au cours des dernières années, les investisseurs déversant des milliards d'euros dans les stratégies qui, selon eux, auront un impact positif sur le monde qui les entoure.

L'une des raisons de la popularité de ces stratégies auprès de nombreux types d'investisseurs différents a été leur capacité à aligner les portefeuilles sur les convictions personnelles des investisseurs. Cependant, l'environnement d'investissement est devenu beaucoup plus nuancé au cours des derniers mois ; les définitions générales traditionnelles de l’ESG, qui sont restées longtemps largement incontestées, peuvent ne plus être appropriées dans certaines circonstances. Mais en parallèle, les gestionnaires axés sur l'ESG qui voudraient opérer en dehors de ces définitions traditionnelles pourraient être accusés d'écoblanchiment.

Par exemple, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a mis en évidence plusieurs lacunes des méthodes de filtrage négatif populaires auprès de certains gestionnaires ESG.

L'industrie de la défense a traditionnellement été exclue des stratégies ESG en raison de son impact social perçu comme négatif. Cela signifie que les gestionnaires de fonds ont été empêchés d'investir dans ce secteur - à un moment où il bénéficie de dépenses accrues de la part des gouvernements - malgré son rôle dans la sauvegarde des démocraties.

En outre, alors que les économies européennes cherchent des alternatives au pétrole et au gaz russes, les investisseurs ESG ne peuvent investir dans certains fournisseurs américains et européens qui pourraient prévenir les pénuries.

L’écoblanchiment mis en lumière

L'environnement d'investissement ESG étant devenu plus complexe, les gestionnaires d'actifs ont compris l'importance de s'attaquer aux problèmes et de répondre à la demande de solutions. Ils continuent à consacrer des ressources à leurs stratégies ESG, en développant de nouvelles technologies et méthodologies.

Mais alors que l’argent des investisseurs afflue de plus en plus dans les stratégies ESG, les inquiétudes concernant le potentiel d’écoblanchiment se sont également accrues.

Il est devenu évident que le secteur de l'investissement doit s'attaquer au problème de l'écoblanchiment, d'autant plus que les autorités européennes et américaines ont commencé à soumettre le secteur de l'investissement à une surveillance accrue et à imposer des exigences plus lourdes en matière de diffusion de l’information.

Par exemple, des allégations d'écoblanchiment au sein du plus grand gestionnaire d'actifs d'Allemagne, DWS Group, ont conduit à la démission du directeur général Asoka Woehrmann en juin, alors que la police effectuait une descente dans ses bureaux et dans ceux de son propriétaire majoritaire, la Deutsche Bank1. Dans le même temps, le fournisseur de données Morningstar a supprimé plus de 1 200 fonds représentant des actifs de plus de 1,4 billions de dollars de sa liste de fonds européens durables pour cause de présomption d'écoblanchiment, ce qui démontre l'ampleur du problème2.

Le challenge de la réglementation

Les autorités tentent d'élaborer un cadre réglementaire qui puisse protéger les investisseurs, instaurer la confiance et soutenir la croissance de ce secteur en plein essor. Cependant, l'absence de progrès concernant les définitions ESG et les méthodologies standardisées ouvre la porte à des stratégies d'investissement qui sont identifiées ESG mais difficilement justifiables comme réellement durables.

L'absence de normalisation dans l'ensemble du secteur a créé un environnement où les définitions de ce qui constitue un investissement ESG se font concurrence.

Bien que l'Union Européenne ait commencé à prêter plus d'attention au risque potentiel d'écoblanchiment dans le monde des fonds, en lançant l'année dernière, pour donner plus de clarté, le règlement sur les informations financières en matière de durabilité (SFDR), il reste encore du chemin à parcourir.

Un domaine particulièrement impacté par les lacunes de la réglementation est celui de la qualité et de la comparabilité des données ESG, ce qui se traduit par des notes très différentes pour les mêmes entreprises auprès des différentes agences de notation ESG. Permettre aux gestionnaires de choisir entre ces notations pourrait également conduire à des cas d’écoblanchiment. Ainsi, avec un large éventail de fournisseurs de notation, rien n'empêche les gestionnaires d'actifs peu scrupuleux de sélectionner les données qui justifient le mieux leurs décisions d'investissement.

Les limites de certaines notations ont aussi été montrées plus récemment à la suite d'un scandale impliquant le groupe français de maisons de retraite Orpea, qui avait obtenu un score élevé auprès de nombreux fournisseurs de notations selon les critères ESG pour ses engagements sociétaux et environnementaux et son alignement sur plusieurs des objectifs de développement durable des Nations unies. Cependant, le secteur français de l'investissement a été ébranlé par la publication d'allégations de mauvais traitements liés à des réductions de coûts dans les maisons de retraite Orpea. L'entreprise fait désormais l'objet d'enquêtes, et de nombreux gestionnaires d'actifs ont vendu leurs actions.

De tels exemples illustrent pourquoi les investisseurs institutionnels ont besoin de nouveaux outils pour évaluer les véritables attributs ESG des fonds de leurs portefeuilles.

Un suivi renforcé des portefeuilles

Il est de plus en plus évident que les investisseurs institutionnels ont besoin d'outils intelligents qui assurent un suivi plus détaillé et plus approfondi de leur portefeuille pour les aider à atteindre leurs objectifs ESG. Un suivi ESG précis n'est pas seulement important du point de vue du risque ; une analyse plus granulaire de leurs avoirs peut également aider les investisseurs institutionnels à prendre des décisions d'investissement plus éclairées.

Chez Société Générale Securities Services (SGSS), nous avons développé la capacité pour les investisseurs institutionnels d'agréger toutes leurs positions auprès de différents gestionnaires, qu'elles soient ou non administrées par SGSS. Cela permet à nos clients de comparer plus facilement les performances et les données ESG.

Notre solution Analytics & Reporting recueille des données provenant de sources internes et externes, les nettoie et les regroupe si nécessaire, détecte les enregistrements corrompus ou inexacts et les enrichit d'informations transparentes qui permettent aux clients de retrouver les positions sous-jacentes si nécessaire.

L'une de ses principales caractéristiques est le suivi des performances ESG. Grâce à son offre de reporting en partenariat avec MSCI, SGSS fournit une vue d'ensemble de la performance ESG des portefeuilles ainsi que des indicateurs clés liés aux émissions de CO2 et des analyses supplémentaires, notamment une fonction de comparaison des indices de référence.

La solution Analytics & Reporting permet également d'identifier les facteurs de performance ESG et les contributions négatives, et de corriger les erreurs le cas échéant. SGSS ESG Reporting Service offre une grande flexibilité avec la possibilité d’éditer des rapports à fréquence trimestrielle, mensuelle ou même quotidienne via différents médias : Outil web SGSS, e-mail ou FTP3.

Nous pensons qu'il offre un niveau de surveillance accru pour les investisseurs institutionnels et contribue à uniformiser les règles du jeu pour les distributeurs de fonds, en comparant les performances entre différentes stratégies.

Bien que les régulateurs continuent à développer un cadre qui protège les investisseurs et encourage les meilleures pratiques parmi les gestionnaires d'actifs, la route est longue pour pouvoir s'appuyer sur un ensemble commun de définitions qui restreindraient les interprétations des investissements durables. C'est pourquoi nous pensons que des outils intelligents tels que notre solution Analytics & Reporting offrent aux investisseurs institutionnels un tableau de bord efficace pour surveiller leurs investissements ESG.

Article paru dans Option Finance.

Alexis Scheidecker, spécialiste des produits ESG, Société Générale Securities Services