Le sujet de la frugalité des données : un engagement ESG

21/04/2020

Nous savons aujourd’hui que l’informatique contribue à 3,8% des émissions mondiales de CO2. Quelles solutions envisager pour réduire « l’infobésité » et notre empreinte carbone ?

Thank God c'est la 5G!

En été 2021, nous devrions connaître un événement planétaire, qui rassemblera l’ensemble du monde sportif, et plus généralement une grande partie de la population mondiale, à savoir les Jeux Olympiques de Tokyo. A cette occasion, nous allons découvrirons largement l’usage de la 5G dans les stades, permettant par exemple à chacun de se placer depuis n’importe quel endroit du stade pour visualiser une retransmission. Le nombre d’usages de la technologie ne cesse de s’accroître, nous permettant aujourd’hui la Vidéo à la demande, l’accès à une information multimédia en temps réel, quel que soit le lieu où vous vous trouvez avec votre smartphone, votre téléviseur ou votre PC.

Or, tous ces usages ont un impact considérable sur la quantité de données phénoménale que nous pouvons utiliser au quotidien, stocker, et échanger.

Dans nos métiers, il suffit de constater le volume considérable de rapports générés par une régulation comme MIFID2 avec une historisation sur plusieurs années, ou les multiples données nécessaires à notre maîtrise du risque ou à la connaissance client, pour comprendre que ce volume ne cesse de s’accroître, même si des règlements comme GDPRdoivent nous inciter à davantage archiver ou détruire les données au bout d’un certain laps de temps.

Consommation ESG* et IT consumption, une réalité

Nous sommes tous concernés par la préservation de la planète et de nos ressources rares, et l’ensemble des entreprises responsables comme le Groupe Société Générale se sont engagées massivement pour une finance « verte », et en faveur d’un développement durable et de la lutte contre le changement climatique.

Or nous savons aujourd’hui que l’informatique contribue à 3,8% des émissions mondiales de CO2 (voire 10% dans les hypothèses les plus fortes 1), que la fabrication de smartphones et de batterie utilise des matières rares, et que chaque message envoyé accentue l’empreinte carbone de chacun d’entre nous.

Data frugality, la solution d'avenir

Alors, quelles solutions envisager pour réduire « l’infobésité » et notre empreinte carbone ?

Une innovation intéressante consiste déjà à mieux connaître notre propre consommation énergétique, et je pourrai citer le projet « CarbonMail » qui a permis de créer un Plug-In dans Outlook permettant de mesurer l’impact environnemental de chaque message envoyé, partant du constat qu’un cadre passe en moyenne 5 heures par jour sur sa messagerie.

Concernant les données et le Big Data, la « data frugality » (« Datensparsamkeit » en allemand) est un principe qui a été partagé depuis une dizaine d’années par des scientifiques comme Martin Fowler3 ou Erik Dörnenburg4 Le principe est simple, il se propose de ne pas « tout » enregistrer et sauvegarder, de ne pas créer des copies multiples d’objets identiques, mais au contraire d’identifier la capacité minimale de données dont vous avez réellement besoin pour effectuer votre activité, et répondre aux besoins de vos clients et partenaires commerciaux.

Il est nécessaire que chacun d’entre nous se pose la question de la nécessité de conserver une donnée, mais aussi de savoir à quel endroit il est le plus judicieux de la conserver.

Cette transition ne peut être brutale, et nécessite une réflexion en profondeur sur nos usages actuels et à venir, mais aussi sur l’identification des sources de données utiles à notre activité (données de marché, données de production). Elle consiste aussi à envisager un usage exhaustif de chaque donnée enregistrée, une même donnée pouvant avoir plusieurs usages.

Au-delà de l’intérêt environnemental d’une telle démarche (moins de données signifie moins de stockage, et donc moins d’énergie pour créer et archiver la donnée), l’avantage est économique, car la plupart des modèles des serveurs Cloud et des licences d’applicatifs (par exemple) sont basés sur le « pay-per-Use »5. Ce qui signifie ainsi réduire le coût logiciel ou le coût d’hébergement de vos données, ou accéder à l’information utile par un lien ou une API, et confier à un tiers de confiance le soin de la protéger.

Au sein du Groupe SG, nous avons ainsi réduit de 20% l’empreinte carbone de nos infrastructures IT entre 2014 et 2020, en mutualisant nos données via un catalogue commun (gestion de la liquidité, gestion des tiers, risques de crédit, finance) et l’usage massif des APIs (environ 5000 APIs dans le wholesale banking). Notre stratégie Cloud est de migrer 80% de notre production de données vers le Cloud.

Grâce à nos solutions d’outsourcing et au large catalogue d’APIs disponible, SGSS prend les mesures qui s’imposent sur une gestion frugale des données que nous collectons pour le compte de nos clients, et qui nous sont confiées. Cela passe donc naturellement par une recherche de l’optimisation de la consommation énergétique, comme de l’espace mémoire nécessaire à l’usage et à l’archivage de ces données. En appliquant les principes RGPD (comme le « privacy by design »), nous avons informé notre clientèle de la nature des données préservées, et plus récemment de l’hébergement sur le Cloud et de l’accès via des APIs (Open Architecture).

Préparons donc ensemble, dès aujourd’hui, les solutions frugales, optimisant l’exploitation de nos ressources. C’est aussi la raison d’être que notre Groupe 6.

 

* ESG: Environmental, Social & Governance.

1 ADEME (January 2020)

2 Projet de JC Bories (Direction Financiere Groupe) récompensé par le Prix de l’Efficacité Environnementale 2019 au sein du Groupe SG

3 See www.martinFowler.com and ThoughtWorkers network.

4 Visit erik.doernenburg.com

5 Visit Steve Beards on the FLEXERA blog www.flexera.com.

6 « Construire ensemble, avec nos clients, un avenir meilleur et durable en apportant des solutions financières responsables et innovantes.»