Marché Financier d’Afrique Centrale : pourquoi une reconnaissance internationale de la CEMAC est-elle stratégique ?

01/09/2022

A l’heure où les investisseurs internationaux recherchent des couples rendements-risques attrayants et de la décorrélation, le marché financier d’Afrique Centrale, la CEMAC, offre des rendements obligataires élevés, un taux de change fixe contre l’euro et une classe d’actifs spécifique. Des arguments suffisants pour séduire les gestionnaires d’actifs à l’international ?

Qu’est-ce que la CEMAC ?

Née d’un traité signé le 16 mars 1994 à N'Djamena (Tchad), la Communauté Économique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale (CEMAC) regroupe 6 pays : le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la République de Centrafrique et le Tchad.

La CEMAC en quelques chiffres1

  • Population (estimation) : 51 millions ;

  • Superficie : 3 020 144 Km2 ;

  • Taux de croissance Économique : 2,8% ;

  • Principaux produits d’exportation : pétrole brut, cacao, café, coton-fibre, bois-Grumes, sciages, aluminium, caoutchouc naturel, banane, diamant, or, manganèse, uranium, méthanol ;

  • Taux d’inflation : 2,3%.

Un contexte économique porteur

Après le ralentissement économique de 2016 et 2020, la croissance devrait repartir en 2022 dans la zone de la CEMAC. Le Président de la Commission de la CEMAC, Daniel Ona Ondo a d’ailleurs indiqué lors du Conseil des ministres de l’UEAC (Union des Etats d’Afrique Centrale) tenu en février 2022 au Cameroun que le marché pourrait enregistrer une reprise de la croissance avec un taux susceptible d’atteindre 2,7% en 2022.2

La reprise de la croissance devrait être portée par les secteurs non pétroliers. Les gouvernements de la zone CEMAC ont appuyé les efforts de diversification permettant la relance de l’agriculture, notamment l’industrie extractive : manganèse, or, diamant, bauxite, zinc et le bois vont poursuivre leur croissance.3

Le marché obligataire des titres publics

Ce contexte économique favorable soutient les besoins de financement et le développement du marché obligataire des titres publics. Ce dernier a été créé en novembre 2011 et a pour vocation de fournir un cadre alternatif aux Etats de la sous-région.

Les principaux acteurs du marché des titres publics sont :

  • Les six Trésors nationaux en tant qu’émetteurs ;

  • Les Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT) qui sont les établissements de crédit agréés en tant que teneurs du marché ;

  • Les Directions Nationales de la BEAC, la Banque des Etats de l'Afrique Centrale, qui ont la charge de l’organisation matérielle des adjudications ;

  • Les investisseurs (personnes physiques et morales résidentes et non résidentes) ;

  • La CRCT, Cellule de Règlement et de Conservation des Titres, en qualité de Dépositaire Central et en charge de la codification, de la conservation, de l’administration des titres et du règlement/livraison.

Parmi les instruments du marché des titres publics, on distingue les Bons du Trésor Assimilables (BTA) et les Obligations (OTA) qui présentent les caractéristiques suivantes.3

HARVEST ASSET MANAGEMENT, leader de la gestion d’actifs en zone CEMAC avec un encours sous gestion de 370 millions d’euros à fin 20214, est un spécialiste de l’investissement en zone CEMAC et du marché obligataire des titres publics.

Les obligations constituent la majorité des investissements. En effet, les Fonds Communs de Placements obligataires d’Harvest Asset Management représentent 50 % des actifs sous gestion, les fonds monétaires 9% et les fonds Actions 1% selon le Président Directeur Général de la société, Marc KAMGAING, qui témoigne :

Sur l’activité de gestion de portefeuilles, la CEMAC est un marché de croissance. Les encours globaux du marché augmentent à une cadence soutenue : 30 milliards FCFA à fin 2019, 70 milliards FCFA à fin 2020 et 350 milliards FCFA à fin 2021.

Mais cette dynamique des marchés financiers de la CEMAC concerne-t-elle aussi les marchés actions ?

Comme en témoigne M. Louis Banga N’Tolo, Directeur Général de la BVMAC, interviewé par Société Générale Securities Services (SGSS) :

Une véritable dynamique globale est observée grâce au soutien financier et technique des partenaires au développement (Banque Africaine de Développement, Banque Mondiale) ; plusieurs demandes d’autorisation des parties prenantes ont été enregistrées auprès du régulateur COSUMAF5. Pour sa part, la BVMAC vient de s’engager dans d’importantes réformes dont le contrat de liquidité requis des émetteurs, la cotation continue, les ordres de marché, la cotation quotidienne, une campagne de dénomination pour le premier indice boursier et le projet de fractionnement des actions.

En effet, de nombreuses initiatives semblent prises pour développer la liquidité en bourse :

  • Enregistrement des entreprises : La CEMAC met en place des mesures incitatives pour motiver les entreprises à s’inscrire sur le marché boursier

  • Bonne gestion : Le marché boursier d’Afrique Centrale dispose désormais d’un nouvel organisme de gestion qui a déjà partagé de nombreuses idées innovantes pour dynamiser le marché financier de la zone CEMAC

  • Création de nouveaux indices boursiers

  • Elargissement des plages de négociation : Le nombre de jours de négociation passe de trois à cinq jours et une extension des plages horaires est à l’étude

  • Accessibilité : Le prix des actions doit être abordable pour les investisseurs régionaux

SGSS Cameroun accompagne le développement de la CEMAC en fournissant un accès sécurisé et conforme aux standards internationaux

Dans ce contexte porteur, les investisseurs internationaux doivent pouvoir s’appuyer sur des infrastructures de marchés robustes et sur des dépositaires de confiance.

Isabelle FODOP, Directrice de Société Générale Securities Services Cameroun, indique :

Afin de capter la clientèle de Grands investisseurs internationaux intéressés par les rendements qu’offrent les marchés émergents par rapport aux marchés plus matures, Société Générale Cameroun est entrée en partenariat avec la Ligne Métier Monde du Groupe, Société Générale Securities Services, en signant en juillet 2020 un Accord de Joint-Venture (JVA).

SGSS Cameroun se positionne aujourd’hui comme l’un des Teneurs de compte de la zone CEMAC de référence et nourrit d’ambitieux projets de développement des services aux gérants d’actifs.

Conclusion

Couple rendement/risque compétitif, initiatives de la Bourse pour se rapprocher des standards internationaux, croissance de la gestion d’actifs, et conjoncture économique en amélioration constituent des arguments de poids auprès des investisseurs internationaux. Cependant, la liquidité a encore une marge de progression et les procédures de change et de rapatriement de fonds transfrontières nécessitent une connaissance précise de la réglementation locale et l’appui d’un conservateur local expérimenté pour en tirer tous les bénéfices.

1https://www.cemac.int/Historique
2https://directinfosgabon.com/cemac-reprise-de-la-croissance-en-2022/

3https://www.africabright.com/sites/default/files/2021-08/Presentation%20du%20Marche%CC%81%20financier%20de%20l%27Uemoa%20et%20cemac.pdf
4Harvest Asset Management

5
COSUMAF : Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale