L’investissement a impact social : vers une économie plus inclusive

17/04/2023

Acteur majeur de la gestion d’actifs en Europe, Amundi est aussi précurseur en matière d’investissement à impact responsable. Laurence Laplane-Rigal, directrice de l’investissement à impact chez Amundi, nous en dit plus sur cette ambition.

Avez-vous vu grandir la pression de vos investisseurs pour mettre en œuvre des stratégies d'investissement responsable ?

Dès sa création, Amundi a fait de l’Investissement Responsable (IR) l’un de ses quatre piliers fondateurs. De ce fait, les notations de nos entreprises en portefeuille ont toujours combiné critères financiers et critères extra-financiers.

L’intérêt grandissant des investisseurs s’est vu accompagné - et sans doute accentué - par l’émergence d’initiatives territoriales autour du développement durable.

Par la suite, on a vu un cadre global s’établir, d’abord en Europe avec l’arrivée de nombreux labels (ISR, Greenfin…), référentiels et réglementations visant d’une part à mieux définir les investissements responsables, et d’autre part à les encourager.

Le mouvement s’est vite répandu, aux Etats-Unis notamment, avec la création des Objectifs de Développement Durables (ODD) édictés par les Nations Unis, qui établissent un socle de référence, et sont aujourd’hui largement utilisés dans les définitions et méthodologies d’investissement responsable des différents acteurs de la finance.

Cette tendance qui ne cesse d’évoluer nous conforte dans l’idée que l’industrie de la finance s’engage réellement dans cette ambition de contribuer au bien commun. On en vient toutefois à se demander si cette vague d’initiatives et de réglementations n’est pas en train de noyer l’investisseur final, le particulier, qui malgré un réel souhait d’investir responsablement, a du mal à s’y retrouver.

Quelles sont les ambitions que vous vous êtes fixées pour répondre à ces besoins et attentes clients ?

Encore une fois, plus qu’une ambition, l’investissement responsable fait partie de la raison d’être d’Amundi.

Pour l’illustrer prenons l’exemple du fonds Pur Solidaire, qui est investi dans des titres non cotés (capitaux propres et dettes) d’entreprises à vocation sociale et solidaire. L’ambition n’est pas nouvelle puisqu’en 2018 la feuille de route visait à porter le fonds de 150 à 500 millions d’euros d’encours d’ici à 2021, et de l’enraciner auprès des caisses régionales en France. Aujourd’hui avec 500 millions d’euros d’encours global, Amundi se donne bien sûr de nouveaux objectifs plus ambitieux pour continuer à faire grandir ce fonds.

Il faut préciser que ce succès est rendu possible en grande partie grâce à près de 1 million d’épargnants1 solidaires via leur placement d’épargne salariale. Cela-dit, si nous voulons que l’économie atteigne un jour un niveau d’engagement plus élevé, il manque encore largement la participation des sociétés commerciales et des investisseurs institutionnels, pour lesquels un effort de pédagogie est nécessaire en cohérence avec leur prise de conscience de l’imbrication des enjeux sociaux et environnementaux, ces derniers étant déjà bien intégrés par les grands investisseurs.

Pour embarquer les grands investisseurs (corporates et institutionnels), il faut probablement changer d’angle et aborder plutôt la transition environnementale sous sa nécessaire composante d’inclusion sociale. On parle maintenant de "transition juste", qui combine l’impact environnemental (et donc un certain niveau de rendement financier) et l’inclusion sociale.

Quel est le niveau de pédagogie et de transparence que vous mettez en œuvre pour permettre de partager avec les épargnants et investisseurs, les performances de vos fonds ?

Je dirais qu’il y a deux niveaux de pédagogie : celui envers les investisseurs, nous y viendrons, mais aussi celui envers les entreprises investies, qui est tout aussi crucial.

Outre la démarche d’établir une notation - tant financière que extra-financière - des entreprises en portefeuille, Amundi établit un dialogue permanent avec ces entreprises, qui passe notamment par une réelle implication dans les décisions à travers le vote aux Assemblées Générales. Avec tout la chaine de valeurs d’Amundi, de l’ESG aux dépositaires conservateurs comme SGSS, Amundi vote à 95%1 des assemblées générales, et communique clairement ses politiques de vote aux entreprises concernées. Cette démarche permet d’orienter leurs décisions vers une stratégie qui soit cohérente avec nos ambitions d’investissement responsable.

N'oublions pas l’effort de transparence envers les investisseurs, qui doit être concrétisé tant sur le prospectus pour faciliter la décision d’investissement, que sur les rapports de performance des fonds.

Si je reviens à l’activité d’investissement à impact social, le site internet dédié présente le reporting d’impact2 qui illustre la performance du fonds Pur Solidaire mentionné précédemment, résultat de la combinaison impact social et performance financière. Dans un souci de proposer une restitution la plus simple possible pour les investisseurs, le choix a été fait de mettre en avant des Indicateurs de mesure d’impact simples, co-construits avec les entreprises présentes en portefeuille. Ainsi, le nombre de personnes sans-abri logées, le nombre d’emplois créés, ou encore le nombre de bénéficiaires de micro-crédit ; sont des indicateurs qu’un investisseur particulier considère comme tangibles et compréhensibles.

Je suis convaincue que l’effort de pédagogie vis-à-vis des clients est de la responsabilité de tous les maillons de la chaîne, de l’analyste jusqu’au conservateur, en passant bien sûr par le gérant et les sales.

Laurence Laplane-Rigal, Directrice de l’investissement à impact social, Amundi

1Chiffres issus de source interne Amundi, communiqués en janvier 2023
2amundi.oneheart.fr/assets/amundi/media/amundi_reporting_impact.pdf