L’après 2020 dans l’innovation technologique du secteur financier

18/01/2021

Les périodes de début d’année sont propices aux prédictions. L’année 2020 et sa crise sanitaire sans précèdent ont permis d’accélérer le développement et l’utilisation de nombreuses nouvelles technologiques. Cette tendance, maintenant installée, positionnera 2021 en année charnière d’un secteur financier en profonde mutation.

L’accélération du digital : une réalité

La Covid a été la Chief Digital Officer de l’année 2020. La crise sanitaire a permis à l’industrie financière d’accélérer de façon importante sa transformation digitale. Les banques ont déployé des solutions digitales afin d’interagir à distance avec leurs clients. Mentionnons l’exemple de la signature électronique.

Les déplacements réduits à néant dans le milieu des affaires ainsi que le télétravail ont conduit à l’utilisation de nombreuses applications permettant d’interagir à distance, tant pour la tenue des conseils d’administration que pour la dématérialisation de documents qui jusqu’à peu étaient gérés en format papier. Cette tendance va s’inscrire dans la durée et la planète en sera sans doute un des premiers bénéficiaires.

Des données de mieux en mieux exploitées

La donnée est-elle l’or noir du 21e siècle ? Répandue depuis plus d’une dizaine d’années, l’intelligence artificielle (IA) est déjà entrée dans les banques avec l’utilisation d’algorithmes dans les salles de marchés et plus récemment sur des cas d’usage permettant d’améliorer l’expérience et la connaissance client, l’efficacité opérationnelle ou encore une meilleure gestion du risque. L’explosion des données a été à l’origine de ces développements. 2020 a vu un grand nombre d’entreprises déployer tout ou partie de leurs infrastructures sur le cloud permettant des développements plus agiles et à moindre coût. Le développement de la 5G, encore émergente, sera l’accélérateur ultime pour faire de l’IA une réalité sans conteste et pour le bénéfice de tous.

La tokenisation et les monnaies digitales sortent des laboratoires

Dans le monde de la Blockchain, 2020 a été marquée par une série d’annonces, notamment concernant les monnaies digitales de banque centrale (Central Bank Digital Currency, CBDC). Près de 80%1 des banques centrales ont confirmé avoir des projets sur ce sujet. En parallèle, la tokenisation des actifs est également devenue une réalité. Un nombre important de projets ont vu le jour, basés sur tout type d’actifs sous-jacents comme les obligations – notamment avec Société Générale Forge –, les actions, l’immobilier, les fonds d’investissement, ou encore des actifs illiquides comme les Å“uvres d’art, le vin, et… les joueurs professionnels de football !

La combinaison des CBDC à ces initiatives de tokenisation va certainement accélérer le développement de projets et impacter l’ensemble de la chaîne de valeur (primaire, secondaire, post-trade et custody). La recherche d’un modèle d’affaire sera clé pour percer en tant qu’acteur sur ce segment, et transformer l’industrie.

Un écosystème ouvert pour bénéficier des innovations

Le développement des plateformes est incontestablement un des sujets les plus discutés. Les capitalisations boursières des entreprises ayant opté pour ce modèle d’affaire en rappellent l’importance et, d’un point de vue client, sa valeur. Conscient de ne pas être en capacité de tout construire, les organisations ont un intérêt croissant à développer des liens avec l’écosystème existant afin d’enrichir la valeur ajoutée de leur offre client et gagner en efficacité et agilité.

Le Time to market est crucial dans un monde en transformation. Les montants investis depuis trois à quatre ans par les Venture Capitalists dans les fintech et le développement de « licornes Â» confirment cette tendance. Les APIs (Application Programme Interface) permettront de réaliser cette connexion entre acteurs pour transformer les entreprises. La banque de demain, pour être plus centrée sur le client, devra être encore plus ouverte sur les nouveaux acteurs.

L’hyper-centricité client : la clé de réussite

Le développement du digital bouleverse les habitudes des consommateurs, des investisseurs, de nos clients, de nos enfants… et de la planète. En plus de l’enrichissement d’une offre via la plateformisation tel que mentionné ci-dessus, la centricité client est essentielle pour décrypter les tendances et être en mesure de répondre au mieux aux besoins. Les organisations capables de développer cette culture, en co-création avec leurs clients, seront sans aucun doute les pionniers de demain.

La donnée : un actif important à protéger

La digitalisation est devenue plus que jamais une réalité. Les cyber-attaques sont de plus en plus sophistiquées et nombreuses. C’est un sujet préoccupant et pris au sérieux par les banques, mais aussi par tout à chacun dans son quotidien. Dans un rapport publié en décembre dernier, McAfee2 estime les pertes mondiales dues à la cybercriminalité à plus de 1 000 milliards de dollars, soit une augmentation de plus de 50% par rapport à 2018. Cela correspond à environ 60% de la capitalisation du CAC 40 au 31 décembre dernier. 

Les technologies : des outils pour une finance durable

La crise sanitaire a rappelé une fois de plus combien il est important de prendre soin collectivement de la planète. Étant au cœur de l’économie, les institutions financières ont un rôle à jouer. La prise en compte de l’ESG (Environmental, Social and Governance) est une nécessité qui va devenir une obligation pour les acteurs. Les données de l’industrie financière vont permettre de mesurer son impact pour prendre des décisions d’investissements responsables. En combinant ces éléments à des technologies comme l’IA ou la blockchain, la finance de demain sera une finance encore plus responsable et tournée vers un avenir durable.

2021 sera sans doute une année très intéressante pour les Fintech et une étape clé vers une révolution financière et durable.

Article écrit dans PaperJam Luxembourg.