European investor summit : penser les modèles de développement de demain
Notre monde est complexe. les solutions nécessitent de passer du temps à comprendre toutes les parties prenantes et à établir avec elles des chaînes de valeur cohérentes; tant d’institutions parmi les plus éminentes se sont réunies au sommet européen des investisseurs de Société Générale pour débattre de toutes ces questions délicates.
Avec des rendements négatifs et des sorties de fonds, un quatrième trimestre 2018 médiocre a marqué le premier coup de frein significatif depuis la crise de 2008, clôturant l’année sur des suppressions d’emplois et des perspectives incertaines pour les entreprises. Une sérieuse mise en garde pour le secteur de l’investissement ! Un an plus tard, la tendance positive dont ont bénéficié les investisseurs et les gestionnaires d’actifs ces dix dernières années devrait faire son retour en 2019. Les afflux de capitaux devraient compenser le repli de 4 %1 des actifs sous gestion qui avait assombri l’année 2018. La tendance restera-t-elle favorable en 2020 ? L’environnement demeure particulièrement tendu, compte tenu des craintes persistantes suscitées par les taux d’intérêt négatifs en Europe, de l’incertitude liée au Brexit et des répercussions du bras de fer commercial entre les États-Unis et la Chine.
Quand souffle un vent de changement
Faire fi de l’avertissement de 2018, et supposer que les choses suivront leur cours comme avant, relèverait toutefois de l’inconscience. L’environnement se transforme à vive allure sous l’effet des « mégatendances » abondamment décrites par tous les analystes financiers, qu’il s’agisse des nouvelles technologies ou de plates-formes novatrices opérées par de nouveaux arrivants sur le marché visant à répondre à l’évolution des comportements des investisseurs. Face à l’incertitude économique, à la volatilité accrue des marchés et à une concurrence de plus en plus rude, le secteur pourrait naturellement chercher dans un premier temps à diversifier sa gamme de produits.
Dans ce contexte, les solutions d’investissement passives et la gestion alternative devraient continuer à avoir le vent en poupe, même si le risque de performances particulièrement contrastées au sein de ces catégories existe : si la croissance rapide du private equity et des ETF2 devrait se poursuivre, certains hedge funds pénalisés par des rendements négatifs subissent des sorties de fonds importantes. Des mesures telles que l’amélioration de l’efficacité des canaux de distribution afin d’assurer un meilleur suivi des ventes, le marketing, mais également l’expérience multicanal avec un accès personnalisé à l’investisseur final, pèseront bien entendu dans la balance.
Les vieux pots ne font pas toujours les meilleures confitures
Néanmoins, les vieilles habitudes ne feront plus recette pour saisir les opportunités et suivre les tendances d’un secteur qui évolue rapidement. La profonde transformation sans précédent de notre société appelle les professionnels de l’investissement à repenser leurs stratégies, capacités et modèles opérationnels. Se contenter d’accroître les ventes de produits, d’améliorer les gains de distribution ou de maintenir de faibles coûts opérationnels ne suffira plus. Nous devons repenser ensemble la manière d’aider nos clients, quels qu’ils soient, revoir nos réponses pour donner du sens à leurs investissements et réexaminer la prestation de nos services.
Vert et écolo, la nouvelle tendance
Pour ce faire, les solutions de gestion d’actifs doivent refléter la volonté croissante des investisseurs d’intégrer dans leurs placements des valeurs positives telles que la préservation de la planète, le développement durable, la transition énergétique, etc. Démontrer les vertus de l’investissement durable par rapport à la recherche de performance pure et simple reste encore un exercice difficile, cela va sans dire ! En cause, l’absence de données standardisées sur les critères ESG3 et les nombreuses pratiques de « greenwashing » (ou « écoblanchiment ») qui parviennent à décourager les investisseurs les plus convaincus.
Cependant, la croyance selon laquelle les investissements qui intègrent les facteurs ESG3 surperforment les investissements traditionnels – notamment sur le long terme – ne cesse de gagner du terrain. Parallèlement, le cadre réglementaire devient de plus en plus contraignant, incitant les gestionnaires et les grands investisseurs institutionnels à prendre des engagements clairs dans ce domaine. Côté mise en œuvre, la difficulté de trouver des spécialistes financiers ou quantitatifs versés dans les problématiques de durabilité ne doit pas être sous-estimée. Dans ce contexte, une collaboration avec des partenaires – tels que SGSS – pourrait s’avérer utile afin d’élaborer sa propre stratégie et son propre modèle opérationnel, ainsi que pour contrôler et communiquer des indicateurs permettant de mesurer l’efficacité ESG3 des investissements.
Le séisme technologique
La technologie constitue le second levier de changement qui permettra de répondre à l’appétit des clients pour la transparence et l’interactivité en temps réel. Les entreprises qui ne modifient pas progressivement leur utilisation des nouvelles technologies se mettent clairement en danger. C’est un fait, les données et leur analyse changent les règles du jeu. Aucun aspect des modèles économiques n’y échappe, qu’il s’agisse de réduire les coûts grâce à l’intelligence artificielle ou aux applications de la blockchain, de mieux maîtriser les risques (notamment en ce qui concerne les liquidités, un thème d’actualité) ou d’affiner la prise de décision concernant les solutions d’investissement à l’aide du big data. Toutefois, le potentiel le plus prometteur réside probablement dans l’expérience client. C’est en effet un domaine dans lequel les attentes d’un meilleur accès à l’information sont très élevées, et les possibilités d’utilisation de l’intelligence artificielle nombreuses, et dans lequel les capacités technologiques font le plus défaut aux entreprises.
La technologie est appelée à jouer un rôle crucial dans les années à venir et les différents acteurs doivent se mettre au diapason rapidement. Avec les technologies, rien ne coule de source. Mais pour viser juste dans ce domaine, il sera nécessaire d’élaborer, à court terme, un plan stratégique, et d’investir massivement pour renforcer l’efficacité et, à terme, transformer la relation client.
Bienvenue à l’European Investor Summit (EIS) !
L’ampleur du défi auquel fait face la communauté financière n’échappe à aucun de ses membres, quelle que soit sa place dans la chaîne de valeur. Chez SGSS, nous pensons qu’il est essentiel de prendre le temps d’échanger idées, convictions et préoccupations à cet égard. Je suis très heureux de constater que les représentants de nombreux établissements comptant parmi les plus prestigieux du secteur ont répondu présents à l’European Investor Summit de SGSS afin de discuter de ces enjeux.
Nous vivons dans un monde complexe. Pour trouver des solutions, nous devons comprendre l’ensemble des parties prenantes et créer avec elles des chaînes de valeur cohérentes. La forte participation à cet événement le confirme : nous partageons la même vision et tendons vers les mêmes objectifs.
(1) Source: BCG 2019. (2) Exchange Traded Funds. (3) Environmental, Social, and Governance.
David ABITBOL David Abitbol est nommé Directeur du Métier Titres du groupe Société Générale à compter du 1er janvier 2019. David bénéficie d’une expérience de plus de 20 ans sur les activités de marchés. Depuis mars 2014, David est Chief Operating Officer de Société Générale pour la région Asie Pacifique et Chief Executive de Société Générale Hong-Kong. Il a rejoint la Direction financière du Groupe en 1992 en tant qu’actuaire, puis responsable d’études et des opérations de funding au sein du département ALM. En 1997, il évolue au poste de directeur de projet des activités de dérivés de taux, de futures et de marché monétaire au sein de la Direction des Opérations de Société Générale Corporate and Investment Banking (SG CIB). En 2000, il rejoint la Direction des Marchés de Capitaux en tant que directeur de programme sur les activités Fixed Income, et a, entre autres, représenté la banque au sein du projet SwapClear, qui a donné naissance au premier service de compensation de produits de gré à gré (OTC) avec la chambre de compensation de Londres. En 2004, il réintègre le Département des Opérations de SG CIB où il a occupé divers postes, dont celui de Responsable Mondial début 2010. David détient un Master en Mathématiques et Finance de l’Université de Paris-Dauphine et le Diplôme Universitaire d’Actuaire de Strasbourg. |